mardi 8 mai 2012

Road Trip part. 1 : Tournez dans neuf cents trente deux kilomètres

   Vendredi, on a tout préparé, fait quelques courses, loué la voiture, imprimé les itinéraires... On charge nos bagages, je prends une douche et je ferme l'appart. Tiens, c'est étrange l’ascenseur est tout mouillé... Caroline a fait tombé une de nos bouteilles d'eau qui a explosé sur la moquette, déjà trois litres en moins dans nos réserves... C'est Caro qui va commencer comme pilote, moi je suis censé conduire cette nuit, je me suis couché tôt et j'ai rien fait de la journée pour être en forme, j'allonge le siège, coussin sous la tête, on est partis ! Il est dix huit heures trente, on a une heure de retard par rapport à ce que nous avions prévu.

   Je tarde pas à m'endormir, j'immerge quelques secondes à chaque péage et je me rendors. Il y en a un toutes les quarante bornes, un dollar par ci, un dollar cinquante par là, on se dit que ça va nous coûter cher si ça continue comme ça. Heureusement, une fois la banlieue de Chicago dépassée on a plus eu rien à payer. Caroline tient bon, elle met un peu de Jazz. Moi je suis au paradis, le chaos de la route qui me berce, siège confortable, température idéale, jour qui décline, musique douce, le bonheur.

   Mais vers vingt trois heures elle me réveille, je dois prendre le volant.




   J'ai acheté une petite fiole de caféine "Cinq heures d'énergie" je l'avale d'une traite. Je trouve scandaleux que l'on puisse vendre de tel produit, surtout quand on voit par la publicité à qui on le destine. "Je suis étudiant et j'en prends tous les jours pour pouvoir travailler et rester éveillé en cours !", "Moi je suis une maman et parfois mes enfants ont plus d'énergie que moi !", "J'ai deux boulots, j'en prends pour tenir pendant la nuit". Mais d'un autre côté j'aime l'idée du produit qui décuple les performances, l'homme augmenté en somme comme dans un roman Cybert Punk, où la drogue qui magnifie l'instant dans un Hunter S. Tompson. Et puis avec le bop qui passe à la radio et l'asphalte qui défile, je me sens comme un Kerouac sous amphétamine déroulant la route du bout de sa machine à écrire.

   Je bloque le limitateur de vitesse un peu au dessus des 65mph (100km/h) et je me laisse bercer par la station Jazz et son animateur à la voix profonde, un peu celle de Lenoir sur Inter. C'est drôle de conduire avec le limitateur de vitesse, ça donne l'impression de ne pas contrôler, comme si on montait un cheval fougueux.

   J'entre dans le Minnesota, je passe Minneapolis, on met bien une demi heure pour traverser la ville à 100km/h sur une espèce de rocade, ça a l'air gigantesque. Les miles défilent, je suis à peine ralenti par les nombreux travaux qui changent les voies express en route de campagne sur de longues minutes. Plus j'avance vers l'ouest et plus la vitesse autorisée augmente, je finis par caler le limitateur à un peu plus de 80mph, et je déchire la nuit sur des lignes droites désertes. Le gps indique "tournez dans neuf cents trente deux kilomètres"...

   On passe Fargo, je voulais m'y arrêter pour faire de l’essence mais passer dans la ville me ferait perdre du temps et je fais la course contre l'estimation d'arrivée du GPS, j'en trouverais bien une sur la route.

   En fait depuis Fargo je n'ai pas croisé de pompe, il reste une seule barre sur le voyant du réservoir. J'en aperçois une, il doit être quatre heures du matin, il faut payer en carte et cette pompe refuse de lire les notres. Je commence à stresser un peu, la dernière barre disparaît, le compteur clignote, affiche les miles restants avant que le réservoir soit complètement vide. Nous sommes en plein milieu du North Dakota, c'est le désert, on va rester bloqués sur le bas côté ! On retrouvera nos corps sous la neige qui va pas tarder à tomber, je le sens ! On va mourir de froid, assassiner peut-être même ! Le compteur n'affiche plus rien maintenant, on est mort ! C'est fini...


   Ah, une station, ouf, on s'y arrête, au pire on dort sur le parking, mais miracle, une de nos cartes est acceptée !  C'est reparti !

   J'ai tenu, roulé toute la nuit pour voir le soleil se lever sur un paysage nouveau, en fait de soleil c'est juste la luminosité qui augmente. Le ciel est si bas qu'un canal... Mince, je l'ai déjà faite pour la Louisiane celle là. Un ciel du nord en tout cas, un ciel qui incite à s'enfoncer au fond d'une mine fouiller la terre à la recherche de la houille. Le paysage est vallonné, humide, je longe une longue rangée de poteaux électriques qui montent et qui descendent en suivant les courbures des champs d'herbes rases. Certains sont plongés dans un trou d'eau où flottent quelques canards, d'autres trônent en haut d'une butte surplombant ce désert grisâtre, c'est triste mais c'est beau.




14 commentaires:

  1. Wahoo!!! Merci de nous faire voyager!!!!!

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  2. Les grand espaces, le parfum de l'aventure sous l'asphalte.
    Heureusement que pour l'instant vous restez enfermés dans la voiture, car vu le temps, ça ne donne pas envie de sortir.
    La BO de l'extrait est sympa, et colle bien avec ton texte Mélaine. (vous avez pris un auto stoppeur pour faire les photos ?)
    Haa ! le stress de la panne d'essence !! Et personne à appeler pour dépanner, au cas où, des cartes bancaires qui sont refusée, des nuits sur des parkings..... ben si en fait, ça peu manquer !

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    1. J'ai fait la BO avec mes enregistrements du voyage, c'est du vrai, du vécu ! :-)

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  3. "Nous sommes en plein milieu du North Dakota, c'est le désert, on va rester bloqués sur le bas côté ! On retrouvera nos corps sous la neige qui va pas tarder à tomber, je le sens ! On va mourir de froid, assassiner peut-être même ! Le compteur n'affiche plus rien maintenant, on est mort ! C'est fini..."

    ça tombe bien, j'adore les thrillers !!!!!!!!! ;-)

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  4. c'est une volkswagen votre voiture ? demande Sacha.

    Depuis que Babeth lui a montré les différentes marques des voitures, il est passionné. en voyant vos photos il s'est exclamé que c'était soit une volkswagen ou alors une opel... levez le doute, dites-nous tout !!!

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    1. Désolé mon petit Sacha, c'est une nissan.
      Un gros bisou !

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    2. C'est pas facile de jouer à ce petit jeu la ici. Il y a très peu de marques européennes. Peu de Volkswagen et pas d'Opel du tout ! Quelques Porsche, des Mercedes et c'est a peu près tout.

      On croise plutôt ces voitures ci : Ford, GMC (la branche grosse tutures de Général motor), Chevrolet, Mustang (mais c'est Ford), Buick, Lincoln, Cadillac, Doge,, Chrysler. ET puis les marques japonaises genre Nissan, Toyota (et sa division luxe, Lexus), Hyundai.

      Bon et les marques appartiennes souvent à de plus grand groupe, par exemple Général motors, détient Chevrolet, Buick, GMC, et Cadillac. Mais là ça devient trop compliqué pour moi, demande à ta tante !

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    3. Enfin, à MA tante, ta grand mère.

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    4. ça c'est de la réponse ! Mercii !

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    5. Désolée, je me suis spécialisée dans les marques européennes et plus précisément les marques françaises.

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  5. Votre aventure commence bien, je suis en plein dedans vivement le prochain épisode .
    Super la vidéo.
    Bisous,

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  6. "Le gps indique "tournez dans neuf cents trente deux kilomètres"..."
    NON c'est pas vrai ?

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